Le passé de la paroisse St. Michael

HISTORIQUE DE LA PAROISSE ST MICHAEL

La paroisse St Michael fut établie en 1854. À l’origine, sa mission est d’offrir le ministère aux résidents des banlieues occidentales de Québec, dont quelques propriétaires de grands domaines et leurs serviteurs, des fermiers ainsi que des travailleurs dans la construction navale et le commerce du bois, alors au sommet de sa prospérité, en bas de la côte. Jusqu’à 1879, le nouvel édifice restera une chapelle de la cathédrale anglicane de la Sainte-Trinité à Québec. Le premier demi siècle en fut un de survie précaire. Grâce à la présence de quelques membres éminents – dont le gouverneur général de l’Amérique du Nord britannique de 1861 à 1867, le lord Monck, – elle a pu survivre financièrement, soutenue aussi par des marguilliers et par les femmes de la paroisse qui, en 1886, fondent la Women’s Auxiliary.

À la Première Guerre mondiale, la paroisse St-Michael est une institution bien enracinée dans la communauté anglophone de Sillery. La congrégation génère plusieurs organismes bénévoles, de femmes – surtout – d’hommes et même de jeunes, qui assurent son fonctionnement et qui la relient au monde entier, mais pas à la communauté francophone voisine. Des deux côtés, on préfère la solitude au dialogue. Dans les années 1920, la prospérité qui caractérise cette décennie permet l’expansion de la congrégation, qui, à son tour, amène l’élargissement de l’église. Dans les années 1930, cependant, tout comme la société, la congrégation est ralentie par la grande dépression, mais l’expansion reprend à la fin de cette décennie de misère. En 1939, on construit le presbytère. L’expansion marque une pause pendant la Deuxième Guerre mondiale, à laquelle participent plusieurs membres de la congrégation, et d’où cinq hommes ne reviennent pas. En 1946, la congrégation leur rend hommage en faisant construire une salle communautaire.

Les années 1950 constituent l’âge d’or de la paroisse. En 1954, la paroisse fête son centenaire en faisant construire une chambre d’orgue. Cette année, 187 enfants s’instruisent – religieusement – à l’école paroissiale de dimanche. Mais, déjà vers la fin des années 1950, des signes avant-coureurs de la laïcité d’après-guerre se manifestent, en commençant par les plus jeunes. Dans les années 1960, les organisations de femmes, anciennement l’épine dorsale de la vie paroissiale, se renouvellent de plus en plus difficilement; les jeunes femmes ont des emplois à temps plein. Au début des années 1970, le retranchement devient une réalité; les congrégations des églises St-Michael et St-Matthew partagent un même prêtre, puis, en 1979, la congrégation St-Matthew ferme son église, rue Saint-Jean; et s’installe dans l’Église St-Michael. C’est une congrégation St-Michael fortement diminuée qui, cette année, fête son 125e anniversaire.

Le nombre de paroissiens continue à diminuer dans les années 1980 et 1990, mais à certains égards la congrégation maintient une attitude d’ouverture; dans les années 1980, le travail de la Social Concerns Committee (Comité de préoccupations sociales) traduit bien ses soucis des problèmes de besoin et de pauvreté en dehors de la paroisse. À d’autres égards, cependant, dans un climat politique et économique qui provoque l’exode de plusieurs familles dynamiques, la congrégation vieillit rapidement, se fige, se ferme. Les nécessaires adaptations à une société québécoise en évolution s’avèrent presque impossibles. En même temps, la congrégation saisit toutes les occasions pour maintenir, réparer et restaurer ses édifices.

Les édifices remis en bon état, depuis le début du 21e siècle, la congrégation, souvent dans l’angoisse et le déchirement, fait le pari de l’espoir et prend le risque du renouvellement. Elle s’ouvre résolument, à la communauté francophone et aux jeunes adultes en renouvelant sa liturgie – devenue bilingue –  et en multipliant les occasions de dialogue et de rencontres, tout en maintenant des activités traditionnelles qui ont fait leur preuve, comme le marché aux puces mensuel. Exemple de ce nouvel esprit d’adaptation : la salle paroissiale devient en 2005 l’Espace St-Michael, géré par un organisme sans but lucratif composé de locataires et dont l’objectif est de la rendre encore plus accessible et pertinente pour la communauté locale sans distinction de langue.

 

L’Espace St-Michael

 

Le dimanche, 7 septembre 1946, le gouverneur général du Canada le maréchal de guerre le vicomte Alexander of Tunis, posa la pierre angulaire de la « War Memorial Hall » de l’Église St-Michael lors de l’office de 11 h. La salle était dédiée à la mémoire des cinq paroissiens tombés au combat lors de la Deuxième Guerre mondiale. À cette occasion, plus de 300 personnes se sont entassées dans la petite église, qui pouvait contenir convenablement seulement 150, et plusieurs centaines d’autres sont restés dehors afin de participer à la cérémonie. Pour la congrégation, la meilleure façon de rendre hommage aux paroissiens morts au service de la communauté était de construire un édifice qui constituerait une salle communautaire. La salle, une des plus grandes du genre au Canada à l’époque, est consacrée par l’Archevêque anglican de Québec en janvier 1948 et dédiée aux cinq soldats de la paroisse morts à la guerre. Cette grande cérémonie a lieu devant le maire et les conseillers municipaux, les autorités militaires à Québec, le clergé anglican de la ville, et plusieurs centaines de membres de la congrégation. D’ailleurs, le gouverneur général, qui était revenu en 1947 vérifier l’avancement des travaux, est revenu encore le 3 octobre 1948 déposer dans la salle une plaque en bois contenant les noms de cinq soldats.

L’architecte de la salle était Edward Black Staveley. Il est probablement le dernier de sa profession d’une famille d’architectes dont l’arrivée à Québec remonte à la première moitié du 19e siècle, quand Edward Staveley (1795-1872) s’installe dans la ville. Son fils, Harry (1848-1925), sera honoré en 2009 d’une épigraphe de la Ville de Québec pour son travail architectural. Harry est lui-même le père d’Edward Black (1877-1969), architecte diocésain pendant de nombreuses années. Edward Black dessine pour l’Église St-Michael une salle communautaire esthétiquement complémentaire à l’église dont elle complète effectivement la mission. D’un côté, l’église dessert la congrégation; de l’autre, la salle desservira la communauté dont est issue la congrégation. En 1948, cette communauté est anglophone, et elle la restera jusqu’aux années 2000.

La congrégation et les organismes diocésains sont les premiers utilisateurs de la salle. On y tient l’école paroissiale de dimanche. Des  organismes paroissiaux d’enfants et de jeunes, comme les scouts (en 1966, il y en avait 52) et les louveteaux, les guides et les jeannettes ainsi que la Young People’s Society et le Badminton Club, y tiennent leurs activités tout comme les groupements de femmes comme le Guild et la Women’s Auxiliary, qui y tiennent leurs diverses ventes, dont, à partir des années 1970, le Thrift Shop (appelé aussi « Les Trouvailles » à partir de 2000). Le Friendship Club y tient ses concours de talent pour enfants et des cours de danse (en 1955, 62 enfants y assistent régulièrement). Le 28 septembre 1979, la salle fut l’hôte quelque 200 invités à un banquet en célébration du 125e anniversaire de la fondation de la paroisse. Pendant les années 1980, à plusieurs reprises, la congrégation a tenu des dîners internationaux mettant en vedette des mets cuisinés par des gens à Québec en provenance de diverses nationalités, un reflet d’une congrégation d’une composition ethnique de plus en plus diversifiée.

Des organismes diocésains se servent régulièrement de la salle afin d’y tenir des conférences du clergé ou de jeunes, des diners, des cours de formation de conseillers de colonies de vacances, des festivals de jeunes filles (en 1966, il y avait 200 participantes) comprenant des jeux et des concours d’art dramatique, de chant choral, de danse, ainsi que de travaux d’aiguille et fabrication de jouets, de tapis, etc.

En dehors de l’Église, le club Kiwanis de Sillery et l’Order of the Eastern Star y tiennent des rencontres et, le Quebec Art Company, y présente ses productions dès les premières années jusqu’au début des années 2000. Le Royal Conservatory of Music de Toronto y tient ses examens de piano en 1971. En 1980, les utilisateurs de la salle comprennent un chapitre des Alcooliques anonymes et le Fifty Plus Club. En 1987, la Ville de Sillery se sert de la salle pour sa « Remise des prix de « la chasse aux 350 trésors » pour les jeunes de l’élémentaire, une activité des fêtes du 350e anniversaire de la fondation de Sillery.

Dès les années 1950 cependant, la salle fonctionne à déficit, que la paroisse absorbe, subventionnant ainsi les organismes communautaires. Le problème devient de plus en plus aigu, surtout à partir des années 1980 quand des réparations majeures aux bâtiments deviennent nécessaires. En 1987, le Jericho Committee est formé afin de trouver les moyens d’empêcher les murs de tomber. Devant la croissance des coûts de travaux à faire, la paroisse cherche à se faire déclarer un site historique ou à se faire inclure dans l’arrondissement historique de Sillery, mais sans succès. Finalement, en 1994, le site entier, comprenant l’église, la salle, le presbytère et les terrains, est décrété par la Ville de Sillery, « Zone à protéger » au même titre que la Villa de Spencer Grange. De 1988 à 1992, plus de 40 000$ sont investis dans les seules réparations à la salle. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, grâce en bonne partie au financement obtenu de la communauté anglophone, plus de 100 000$ sont investis dans la réparation des murs extérieurs de la salle, dans une refonte entière de la cuisine et dans une rénovation complète de la salle d’en bas.

Depuis 2005, la salle est gérée par l’Espace St-Michael, un organisme sans but lucratif, qui a pour objectif de rentabiliser les opérations et pour mission d’être :

« un lieu urbain d’accueil, d’animation, d’apprentissage et de rassemblement créé en collaboration avec des individus et des groupes sociaux et spirituels dédiés à l’enrichissement de la conscience et à l’épanouissement de l’être à travers l’utilisation de l’art, sous différentes formes d’expressions y compris celui du mouvement corporel.

En relation avec ce lieu se développent des activités d’exploration, de sensibilisation, d’enseignement et de loisirs favorisant l’expression et l’enrichissement personnel. Y est aussi encouragée l’organisation d’événements significatifs et nourrissants pour l’individu et la collectivité.

Ce lieu, caractérisé par un esprit d’élévation, de paix, de solidarité et de fraternité humaine, offre des installations facilitant la reconnaissance du potentiel de création et d’expression de l’individu et de la collectivité qu’il dessert en même temps qu’il jette des ponts entre les différentes composantes de la société.

Si l’Espace a réussi à faire passer les opérations de la salle de déficitaire à rentable, il ne génère pas suffisamment de revenus en fonction du modèle actuel pour payer l’entretient d’une salle de 60 ans. La paroisse St-Michael, n’étant plus en mesure d’assumer ces frais, a décidé en décembre 2010 de vendre la salle et le presbytère. En ce faisant, cependant, la congrégation a montré son désir de préserver la vocation de la salle si possible en réservant jusqu’en septembre 2011 à un nouveau groupement, Développement St-Michael, l’option d’acheter la salle.

1 réflexion à propos de “ Le passé de la paroisse St. Michael ”

  1. Une bonne référence concernant « St.Michael’s Church (1854) » vient compléter le tableau
    http://eglisesdequebec.org/ToutesLesEglises/SaintMichaelsChurch/SaintMichaelsChurch.html

Commentaire